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Interview de Billy James, 1961


Cette interview a été menée par Billy James de la CBS à une date inconnue d'automne 1961. C'est la première interview enregistrée connue et malheureusement incomplète. Elle a été publiée dans Praxis: One de Stephen Pickering. Une transcription complète aurait été publiée dans le New Musical Express du 24 avril 1976..

Dylan :Je faisais partie d'un carnaval lorsque j'avais à peu près 13 ans……toutes sortes de spectacles.

James : Ou êtes vous allé ?

Dylan : Partout dans le Mid-west, euh, Gallup, le Nouveau-Mexique, Aptos, le Texas, puis… j'ai vécu à Gallup, au Nouveau Mexique et…

James : quel âge aviez-vous ?

Dylan : euh, 7 ou 8 ans, quelque chose comme ça.
{Pause}

Dylan : Mon idole sur scène…ma plus grande idole de scène…celui que j'ai toujours à l'esprit, c'est Charlie Chaplin. Et, euh, ça serait trop long à expliquer, mais je dirai qu'il est un des hommes qui comptent.

James : Quand avez-vous vu Chaplin pour la première fois ?

Dylan : oh ! j'ai vu quelques uns de ses films…En quelque sorte, je sais qui il est, et le genre de truc qu'il fait, des vaudevilles, des trucs comme ça. Will Rogers. Je n'avais jamais rien vu de tel… Je ne connaissais pas grand' chose avant d'habiter à New York. Je ne crois pas que cette ville connaisse mes meilleurs côtés. Du moins, je sais qu'elle n'a pas emporté le meilleur de moi-même.

James : Vous avez été atteint ?

Dylan : Ça peut m'avoir atteint un peu. En fait ça m'a atteint un peu car je n'avais jamais vécu dans une ville de plus de 15 000 habitants. Et les obstacles à surmonter sont nombreux et effroyables ici (à New York).
{Pause}

Dylan : j'étais très bête alors, j'étais avec un ami, je jouais. Je me suis fait huer et je me suis dit…

James : Où ça ?

Dylan : Au " café Wha? ". J'ignorais tout alors. Ils ne m'ont jamais payé, des trucs comme ça. Je ne demandais pas d'argent pour jouer. Il m'a regardé et m'a dit : " je te donnerai un dollar ". Il m'a tendu un dollar et m'a dit : " Joue des trucs tranquilles mec ". J'ai pris le dollar. J'ai joué et ils ont flippé. Ils ont vraiment flippé. Je me disais s'ils m'apprécient, ils m'offriront de quoi dormir cette nuit - un endroit confortable. J'ai posé la question depuis la scène. Quatre mains se sont levées. Mon pote et moi, on a été les voir, tous ceux-là. C'était avec une fille.
Mon pote m'a dit : " Tu n'as pas l'air emballé " et moi…il a dit : " Vous avez l'air gays " [rires de James]. Alors j'ai dit - je ne connaisssais pas grand chose vous savez, de toutes façons… Il était bien avec une fille. Elle a descendu à la 34ième rue et nous à la 42ième. [Dylan rit].
Bon, nous sommes allés dans un café avant de trouver un endroit où dormir. Nous y avons rencontré son amie Dora. Dora était son amie, avec qui il vivait. Et nous sommes partis à une soirée. Ce fut ma première nuit à New York.
{pause}

Dylan : J'ai le sentiment qu'ils m'apprécient plus que la musique-même, ou peut-être pas. Je sens que s'ils me voyaient jouer quelque part dans la rue, ils ne seraient pas aussi accueillants.
{Pause}

Dylan : J'aime ce coin du pays, les gens de l'ouest sont étonnants. Certains me plaisent, d'autres non. Des gens durs, vraiment durs. Au sud, c'est pire encore. Mais je ne peux pas en dire trop sur les sudistes. Je déteste, je ne peux pas supporter… où qu'ils pensent…
{Pause}

Dylan : je ne suis pas un chanteur de folk. Je chante dans ces endroits-là, c'est tout. Et…

James : Woody était-il un chanteur de folk ?

Dylan : Woody était un chanteur de folk, oui, il l'était.

James : Pourquoi dîtes-vous que vous ne l'êtes pas ?

Dylan : Ah, Woody était un chanteur de folk à tout point de vue. Woody était un chanteur reconnu. Woody était l'homme qui a fait revivre certains disques.

James : Non, l'ami, non.

Dylan : Vous voyez, Woody était un homme qui habitait pleinement ses disques parce qu'il avait ce souci de l'attention…
{Interruption}

Dylan : Je joue du piano. Je jouais souvent du piano. Je jouais bien du piano, vraiment bien. J'aimais jouer Little Richard sur l'octave supérieure. Mais tout ça est fini. Il a commis une grosse erreur. Ces disques étaient excellents et n'auraient pu être meilleurs. Mais il faisait erreur en jouant trop bas. S'il avait joué un ton au-dessus, ils auraient été plus facile à écouter. Vous écoutez Little Richard ?

James : Non.

Dylan : Ah, Little Richard, c'est autre chose. C'est un prêcheur mon gars. Et en quelque sorte, c'est de lui que je m'inspirais quand je jouais du piano. Et je jouais tout un ton au-dessus pour l'améliorer.
{Interruption}



Traduction d'Agnès Chaput.


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