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Izzy Young journal, 20 octobre 1961


Extraits d'une interview dirigée par Izzy Young au centre du Folklore de New York les 20 et 23 octobre 1961.
Des fragments de cette interview sont parus dans le programme du Récital donné au Carnegie Hall le 4 novembre.
Les propos reportés ci-dessous proviennent de la biographie rédigée par Scaduto.


" Je ne connaissais pas le terme de musique folk jusqu'à mon arrivée à New York. Ce n'est qu'une appellation pour moi. Je chante surtout du vieux jazz, des chansons de cow-boy sentimentales, des morceaux des hits parades. Il a fallu trouver un nom et les gens ont choisi " musique folk ". Actuellement, très peu de personnes chantent comme ça. Il n'y a plus personne pour enregistrer des disques comme le vieux Leadbelly, comme Houston ou Guthrie. Quelques jeunes chantent comme eux, mais ils sont loin du succès remporté par des chanteurs plus commerciaux. Les programmateurs de radio n'accordent pas de place à ces chanteurs-là. La musique folk est reprise par des gens qui ne chantent plus de cette façon-là. C'est comme ça, mais de là à appeler ça musique folk ".


" Mon but n'est pas de gagner beaucoup d'argent, je veux simplement m'en sortir. Je veux toucher le maximum de gens en chantant la musique que j'aime… Mais les gens doivent être prêts, ils doivent m'avoir vu au moins une fois pour réaliser qu'il ne s'agit pas de musique folk. Mes chansons ne sont pas faciles d'accès ".


" Le concert n'est pas un concert où tout est prévu. Je me réserve la possibilité d'offrir à cette Amérique des chansons qui veulent dire quelque chose et pas des chansons qui lui sont étrangères. Mais les chansons du pays qu'on ne voit pas à la TV ; qu'on n'entend pas à la radio et dont il y a peu de disques. Leur offrir une chance de les écouter ".


" Je ne veux pas faire partie d'un groupe. C'est trop facile d'être rattaché à un groupe. J'ai toujours suivi un chemin plus ardu. Et c'est ce que je ferai encore. On peut s'accuser les uns les autres de l'échec d'un groupe. Quand on échoue seul, on n'a plus alors qu'à se remettre en question ".


" Je joue beaucoup aux cartes. Je crois beaucoup à " la main du mort ", les as et les huits noirs, la main du mort. Ca paraît illogique. Mes autres croyances sont baignées de logique. La longueur de mes cheveux par exemple. Moins on a de cheveux sur la tête, plus on a de cheveux dans la tête. Adopter la coupe en brosse c'est encombrer son cerveau de la pagaille des cheveux de l'intérieur. Je laisse donc mes cheveux pousser pour être sage et libre de penser….Et aussi les religions. J'suis sans religion. Essayé un paquet de religions. Les églises sont divisées. Elles ne peuvent se décider, moi non plus. Je n'ai jamais vu un Dieu. Et je n'en parlerai pas avant d'en avoir vu un ".


" J'ai été avec Jack Elliot… Jack ne m'a jamais appris aucune chanson. Jack ne connaissait d'ailleurs pas tant de chansons. Il a eu beaucoup d'opportunités ".




Traduction d'Agnès Chaput.


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