HURRICANE (1975) ALBUM : "DESIRE". - 1976 Une des chansons de Dylan les plus connues en France, sans doute parce qu’elle a été prise pour un retour au protest-song. En fait, c’est d’abord un message de sympathie envers Rubin Carter, avec qui Dylan se sentait sur la même longueur d’ondes, en même temps qu’une affirmation de la primauté de l’individu contre le pouvoir de " ceux qui nous gouvernent ". Une première version avait été enregistrée, Dylan accompagné par Emmylou Harris au chant. Dylan ne parlait pour ainsi dire pas de Bello, et y présentait Arthur Dexter Bradley sous un très mauvais jour : détrousseur de cadavres et délateur. Mais la compagnie de disques Columbia jugea les paroles trop offensantes pour celui-ci, et Dylan enregistra la version connue, qui est plus efficace musicalement. Après dix-neuf ans en prison, Hurricane a été libéré en 1985. Il a bénéficié d’un non-lieu en 1988, et vit actuellement au Canada, où il milite contre la peine de mort et se bat toujours pour que son innocence soit reconnue. |
Hurricane | Hurricane |
Pistol shots ring out in the barroom night Enter Patty Valentine from the upper hall. She sees the bartender in a pool of blood, Cries out, "My God, they killed them all!" Here comes the story of the Hurricane, The man the authorities came to blame For somethin' that he never done. Put in a prison cell, but one time he could-a been The champion of the world. |
Des coups de feu résonnent dans la nuit du bar Arrive Patty Valentine de l’étage au-dessus. Elle voit le barman dans une mare de sang, s’écrie " Mon Dieu, ils ont tué tout le monde ! " Voici l’histoire de Hurricane, L’homme que ceux qui nous gouvernent ont accusé Pour une chose qu’il n’a jamais faite. Mis entre quatre murs, alors qu’il aurait pu Etre le champion du monde. |
Three bodies lyin' there does Patty see And another man named Bello, movin' around mysteriously. "I didn't do it," he says, and he throws up his hands "I was only robbin' the register, I hope you understand. I saw them leavin'," he says, and he stops "One of us had better call up the cops." And so Patty calls the cops And they arrive on the scene with their red lights flashin' In the hot New Jersey night. |
Trois corps gisants c’est ce que Patty voit Et un homme du nom de Bello, qui bouge ça et là bizarrement. " J’y suis pour rien " dit-il en levant les mains " Je volais la caisse seulement, j’espère que tu comprends. Je les ai vu partir ", dit-il, puis s’arrête " Un de nous ferait mieux d’appeler les flics ". Alors Patty appelle les flics Et ils arrivent sur les lieux, leurs feux rouges lançant des éclairs Dans la nuit chaude du New Jersey. |
Meanwhile, far away in another part of town Rubin Carter and a couple of friends are drivin' around. Number one contender for the middleweight crown Had no idea what kinda shit was about to go down When a cop pulled him over to the side of the road Just like the time before and the time before that. In Paterson that's just the way things go. If you're black you might as well not show up on the street 'Less you wanna draw the heat. |
Pendant ce temps-là, très loin dans un autre coin de la ville Rubin Carter et ses amis font un tour en voiture. Le prétendant numéro un à la couronne des poids moyens N’avait pas la moindre idée de la merde dans laquelle il allait bientôt se fourrer Quand un flic le fit se ranger sur le côté de la route Comme la fois d’avant et la fois encore avant. A Paterson c’est comme ça que ça se passe. Si t’es noir tu ferais mieux de pas te montrer dans la rue A moins que tu veuilles attirer la flicaille. |
Alfred Bello had a partner and he had a rap for the cops. Him and Arthur Dexter Bradley were just out prowlin' around He said, "I saw two men runnin' out, they looked like middleweights They jumped into a white car with out-of-state plates." And Miss Patty Valentine just nodded her head. Cop said, "Wait a minute, boys, this one's not dead" So they took him to the infirmary And though this man could hardly see They told him that he could identify the guilty men. |
Alfred Bello avait un équipier et il tailla une bavette aux flics. Lui et Arthur Dexter Bradley rôdaient justement aux alentours Il dit " j’ai vu deux hommes sortir en courant, ils avaient l’air de poids moyens Ils ont sauté dans une voiture blanche avec des plaques d’un autre Etat ". Et Miss Patty Valentine approuva de la tête Un flic dit " Une seconde les gars, celui-là vit encore " Alors ils l’emmenèrent à l’infirmerie Et bien qu’il n’y voyait presque plus Ils lui dirent qu’il pouvait identifier les coupables. |
Four in the mornin' and they haul Rubin in, Take him to the hospital and they bring him upstairs. The wounded man looks up through his one dyin' eye Says, "Wha'd you bring him in here for? He ain't the guy!" Yes, here's the story of the Hurricane, The man the authorities came to blame For somethin' that he never done. Put in a prison cell, but one time he could-a been The champion of the world. |
Quatre heures du mat’, ils amènent Rubin, Le conduisent à l’hôpital et le traînent dans les étages. Le blessé regarde à travers son œil mourant Et dit " Pourquoi vous l’avez amené ? C’est pas lui ! " Oui, c’est l’histoire de Hurricane, L’homme que ceux qui nous gouvernent ont accusé Pour une chose qu’il n’a jamais faite. Mis entre quatre murs, alors qu’il aurait pu Etre le champion du monde. |
Four months later, the ghettos are in flame, Rubin's in South America, fightin' for his name While Arthur Dexter Bradley's still in the robbery game And the cops are puttin' the screws to him, lookin' for somebody to blame. "Remember that murder that happened in a bar?" "Remember you said you saw the getaway car?" "You think you'd like to play ball with the law?" "Think it might-a been that fighter that you saw runnin' that night?" "Don't forget that you are white." |
Quatre mois plus tard, les ghettos sont en feu, Rubin en Amèrique du Sud, il défend son titre Tandis qu’Arthur Dexter Bradley joue toujours au voleur Et les flics lui mettent la pression, ils cherchent un coupable. " Tu te souviens de ce meurtre dans un bar ? " " Tu te souviens que t’as dit que t’avais vu la voiture des fuyards ? " " Tu crois qu’tu pourrais coopérer avec la justice? " " Tu crois que ça pourrait être ce lutteur que tu as vu courir cette nuit-là ? " " N’oublie pas que tu es blanc. " |
Arthur Dexter Bradley said, "I'm really not sure." Cops said, "A poor boy like you could use a break We got you for the motel job and we're talkin' to your friend Bello Now you don't wanta have to go back to jail, be a nice fellow. You'll be doin' society a favor. That sonofabitch is brave and gettin' braver. We want to put his ass in stir We want to pin this triple murder on him He ain't no Gentleman Jim." |
Arthur Dexter Bradley dit " Je suis pas vraiment sûr " Les flics : " Un pauvre type comme toi aurait besoin d’un répit On t’a coincé pour le coup du motel et on cause à ton pote Bello Si tu veux pas retourner en prison, sois un peu sympa. Tu rendras service à la société. Ce fils de pute est de plus en plus brave. On veut lui mettre le cul en taule On veut lui mettre ce triple meurtre sur le dos Qu'il ne soit pas Gentleman Jim. " |
Rubin could take a man out with just one punch But he never did like to talk about it all that much. It's my work, he'd say, and I do it for pay And when it's over I'd just as soon go on my way Up to some paradise Where the trout streams flow and the air is nice And ride a horse along a trail. But then they took him to the jailhouse Where they try to turn a man into a mouse. |
Rubin pouvait mettre un homme hors-jeu d’un seul coup Mais il n’avait jamais aimé vraiment en parler C’est mon travail, disait-il, je le fais pour l’argent Et quand ce sera fini je partirai aussitôt Vers quelque paradis Où coulent les rivières à truite et l’air est bon Et j’irai à cheval par les sentiers. Mais ils l’emmenèrent en prison Où ils essaient de réduire un homme en souris. |
All of Rubin's cards were marked in advance The trial was a pig-circus, he never had a chance. The judge made Rubin's witnesses drunkards from the slums To the white folks who watched he was a revolutionary bum And to the black folks he was just a crazy nigger. No one doubted that he pulled the trigger. And though they could not produce the gun, The D.A. said he was the one who did the deed And the all-white jury agreed. |
Toutes ses cartes étaient jouées d’avance Le procès ne fut qu’un cirque, il n’eut pas une chance Le juge fit des témoins pour Rubin des soulards des taudis Pour les blancs qui regardaient ce n’était qu’un clodo révolutionnaire Et pour les noirs ce n’était qu’un nègre cinglé. Personne ne doutait qu’il avait poussé la détente Et bien qu’ils n’aient pas retrouvé l’arme, Le procureur dit que c’était lui l’auteur du crime Et le jury blanc fut d’accord. |
Rubin Carter was falsely tried. The crime was murder "one," guess who testified? Bello and Bradley and they both boldly lied And the newspapers, they all went along for the ride. How can the life of such a man Be in the palm of some fool's hand? To see him obviously framed Couldn't help but make me feel ashamed to live in a land Where justice is a game. |
Rubin Carter a eu un jugement truqué. C’était un meutre de la plus haute gravité, devinez qui témoigna? Bello et Bradley et ils mentirent effrontément Et les journaux suivirent tous le mouvement. Comment la vie d’un tel homme Peut-elle être entre les mains de ces quelques crétins ? De le voir victime d’un tel coup monté Je ne peux m’empêcher de me sentir honteux de vivre dans un pays Où la justice est un jeu. |
Now all the criminals in their coats and their ties Are free to drink martinis and watch the sun rise While Rubin sits like Buddha in a ten-foot cell An innocent man in a living hell. That's the story of the Hurricane, But it won't be over till they clear his name And give him back the time he's done. Put in a prison cell, but one time he could-a been The champion of the world. |
Alors que tous les criminels dans leurs costumes et leurs cravates Sont libres de boire des martinis en regardant le soleil se lever Rubin est assis comme Bouddha dans une cellule de trois mètres Un innocent dans un enfer vivant. C’est l’histoire de Hurricane, Mais elle ne sera pas finie tant qu’ils n’auront pas lavé son nom Et rendu le temps qu’il a fait. Mis entre quatre murs, alors qu’il aurait pu Etre le champion du monde. |