North Country Blues - 1963 ALBUM : " THE TIMES THEY ARE A-CHANGING' " - 1964 Cette chanson qui met en scène une femme retraçant son destin malheureux - l'adoption d'un point de vue féminin, chose assez rare dans la discographie de Dylan, se doit d'être souligné - possède une résonance biographique particulière. En effet, le Nord dont il est question est celui dans lequel le jeune Robert Zimmerman a grandi : le Mesabi Range, une des principales régions minières du Nord-Est américain, réputée pour son minerai de fer, et qui devait subir les terribles conséquences de la désindustrialisation. Dans la deuxième des '11 Outlined Epitaphs', qui figurent sur la pochette de l'album, Dylan évoque ainsi Hibbing : " [...] la ville dans laquelle j'ai grandi est celle / qui m'a légué son héritage de visions / ce n'était pas une ville riche / mes parents n'étaient pas riches / ce n'était pas une ville pauvre / car mes parents n'étaient pas pauvres / c'était une ville à l'agonie [...] ". |
North Country Blues | Le blues du Nord |
Come gather 'round friends And I'll tell you a tale Of when the red iron pits ran plenty. But the cardboard filled windows And old men on the benches Tell you now that the whole town is empty. |
Venez autour de moi, les amis, Je vais vous raconter une histoire Du temps où les mines de fer regorgaient de minerai. Mais voyez les fenêtres murées de cartons Et les vieux assis sur les bancs, Tout vous dit que la ville est entièrement déserte maintenant. |
In the north end of town, My own children are grown But I was raised on the other. In the wee hours of youth, My mother took sick And I was brought up by my brother. |
Dans le quartier nord de la ville, Mes enfants ont grandi Mais moi, j'ai été élevée dans un autre quartier. Dès les premières heures de mon enfance, Ma mère est tombée malade Et c'est mon frère qui a pris soin de moi. |
The iron ore poured As the years passed the door, The drag lines an' the shovels they was a-humming. 'Til one day my brother Failed to come home The same as my father before him. |
Le minerai de fer coulait à flots Et les années défilaient devant ma porte, Et les excavatrices et les pelles mécaniques vrombissaient. Jusqu'à ce qu'un beau jour mon frère Ne revienne pas de la mine, Comme mon père avant lui. |
Well a long winter's wait, From the window I watched. My friends they couldn't have been kinder. And my schooling was cut As I quit in the spring To marry John Thomas, a miner. |
Pendant un long hiver d'attente, j'ai regardé à ma fenêtre. Mes amis n'auraient pu se montrer plus gentils. Et j'ai arrêté l'école Quand, au printemps, je suis partie Pour épouser John Thomas, un mineur. |
Oh the years passed again And the givin' was good, With the lunch bucket filled every season. What with three babies born, The work was cut down To a half a day's shift with no reason. |
Ah, les années ont passé encore Et la paie était bonne : L'armoire à provisions était remplie en toute saison. Mais voilà qu'avec trois enfants nés, Le travail a été diminué De moitié, sans aucune raison. |
Then the shaft was soon shut And more work was cut, And the fire in the air, it felt frozen. 'Til a man come to speak And he said in one week That number eleven was closin'. |
Alors bientôt le puits a fermé Et le travail a été encore réduit, Et le feu qui s'élevait dans l'air paraissait glacé. Enfin un homme est venu Pour dire que dans une semaine Le numéro onze allait fermer. |
They complained in the East, They are paying too high. They say that your ore ain't worth digging. That it's much cheaper down In the South American towns Where the miners work almost for nothing. |
Ils se plaignaient dans l'Est De payer trop cher. Ils disent que l'extraction de ton minerai n'est pas rentable. Que c'est meilleur marché Dans les villes d'Amérique du Sud Où les mineurs travaillent pour presque rien. |
So the mining gates locked And the red iron rotted And the room smelled heavy from drinking. Where the sad, silent song Made the hour twice as long As I waited for the sun to go sinking. |
Alors les portes de la mine fermèrent Et le minerai de fer rouge pourrit Et la pièce sentait fort la boisson. Où la triste et silencieuse chanson Faisait paraître le temps deux fois plus long Tandis que j'attendais que le soleil plonge à l'horizon. |
I lived by the window As he talked to himself, This silence of tongues it was building. Then one morning's wake, The bed it was bare, And I's left alone with three children. |
Je me tenais à la fenêtre Pendant que lui parlait tout seul, Le silence nouant nos langues ne faisait que croître. Puis un matin au lever, Je trouvai le lit vide, Et je restai seule avec trois enfants. |
The summer is gone, The ground's turning cold, The stores one by one they're a-foldin'. My children will go As soon as they grow. Well, there ain't nothing here now to hold them. |
L'été est fini, La terre commence à refroidir, L'un après l'autre les magasins ferment. Dès qu'ils seront grands Mes enfants partiront. Car il n'y a plus rien ici pour les retenir. |