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Interview de Bob Dylan
par Barbara Kerr
Publiée dans le Boston Herald de mars 1978, puis dans On The Tracks d'avril 2000.
Le Boston Herald de mars 1978 titrait :
Un reclus (Bob Dylan) parle librement de sa musique, de sa famille, de sa maison : l'une des plus discrètes stars américaines revient finalement vers son public. Bob Dylan qui pendant des années a soigneusement entretenu son statut d'ermite, s'est ouvert à Barbara Kerr du Chicago Daily News à l'occasion de la sortie de son nouveau film Renaldo and Clara, actuellement à l'écran à la Galeria de Cambridge.
A près de 36 ans, Bob Dylan est une figure centrale de la musique contemporaine depuis près de 15 ans.
Dylan a fait irruption dans le milieu de la protest-folk traditionnelle du Greenwich Village des années 60 dans la lignée de Woody Guthrie et de Pete Seeger avant d'électrifier simultanément sa guitare et toute une génération, qui, comme le dit l'un des titres de ses chansons, savait que "les temps changeaient".
Il apporta un souffle nouveau à la tradition folk avec des chansons comme Blowin’ In The Wind, puis il fit sauter tout ça à coup de rock'n'roll rageurs comme Maggie's Farm, et pour finir en beauté, il en remit une couche avec l'avertissement désabusé lancé par une "pierre qui roule" qui ne s'était jamais arrêtée. Lorsque la tempête des années 60 s'apaisa, un Dylan plus doux, plus réfléchi apparut. Aux côtés de sa famille et de ses amis, Dylan regardait "couler la rivière" depuis sa maison.
Ce temps de repos prit fin et Dylan réapparut accompagné de sa caravane de gitans, de Joan Baez à Ronee Blakley en passant par Allen Ginsberg, chacun apportant son talent à la Rolling Thunder Revue.
Tôt ce matin, après avoir visionné le film de Dylan, un long film de quatre heures portant le titre de Renaldo and Clara, j'ai pris la route pour le reconduire dans son magnifique ranch à quelques milles au nord de Malibu en Californie.
Ce jour là, les cheveux bruns et bouclés de Dylan étaient indisciplinés comme souvent. Il était habillé d'une veste de cuir noir, coiffé d'un béret noir, avec des jeans et des bottes indescriptibles, et pour autant, il n'apparaissait pas négligé, mais seulement peu soigneux.
Il faut savoir qu'une grande partie des articles de sa garde robe est déniché pour lui par des amis chez des fripiers. Tout récemment encore, à la demande de son avocat, c'est à une maîtresse qu'il a fait appel pour emprunter un costume de la garde-robe de la MGM qui lui permettrait de se présenter dans une tenue décente au tribunal délibérant sur la garde de ses enfants.
Pendant les trois semaines qui allaient suivre, il allait me parler des différentes facettes de Bob Dylan : Sa musique, sa maison, sa famille, sa haine du mythe construit autour de lui et sa bataille pour réconcilier les artistes et la célébrité.
Bob Dylan est né le 24 mai 1941 à Duluth dans le Minnesota. Sa famille a déménagé pour Hibbing six ans plus tard, une petite ville minière proche de la frontière canadienne où son père tenait une quincaillerie.
" Quand j'étais jeune, ma vie était construite autour de ma famille. Nous étions ensemble tout le temps. Il y avait peu de juifs dans le coin et de toute façon, nous n'en faisions pas une obligation. Notre famille était soudée mais pas fermée : L'un de mes oncles était marié à une catholique, un autre à une égyptienne.
" Personne d'autre dans la famille ne jouait de la musique. Mais pour autant, ils ne m'ont pas mis de bâtons dans les roues. Du plus loin que je me souvienne, je jouais d'un instrument : le piano d'abord, l'harmonica ensuite puis la guitare.
" Je faisais très peu de sport comme d'autres pouvaient le faire dans ma famille ou ailleurs. De fait, j'avais peu d'amis. "
Dylan composa ses premiers poèmes dès l'âge de 13 ans. Pendant ces années encore, il incita quelques gamins du cru à fonder un groupe appelé les "Golden Chords". ils jouaient occasionnellement dans des spectacles locaux ou dans des fêtes d'école. Mais c'était à Minneapolis qu'il trouverait la musique de Rythm'n'Blues qu'il ne faisait qu'écouter à la radio à Hibbing.
" Je suis parti pour Minneapolis dès la fin de mes études au lycée. Je savais qu'il me fallait vivre comme un artiste mais je ne savais pas où aller pour ça. C'est comme ça que je suis parti là-bas.
" Quand j'ai débuté, la musique folk ne rapportait pas d'argent et n'était pas appelée à en rapporter. Devenir un artiste était tout ce qui comptait. "
Dylan s'inscrivit à l'Université du Minnesota. Il habitait dans la Fraternité Sigma Alpha Mu sous le nom de Bob Zimmerman et jouait de la musique folk dans les cafés du coin sous le nom de Bob Dylan.
" J'ai été inscrit à l'Université pendant près d'un an et demi mais c'est à Denver que je passais la plupart de mon temps. "
C'est aussi à ce moment-là que Bob lut "En route pour la gloire" de Woody Guthrie dont il fit son idole musicale.
" Pendant quelques temps, je pistais les musiciens. Je magouillais pour savoir où ils étaient et où ils devaient aller et souvent ils n'y étaient pas. Je me souviens une fois, avoir parcouru des centaines de milles pour trouver Sleepy John Estes mais il n'était pas chez lui et personne ne savait où le trouver.
" Finalement, après un an et demi comme ça, je suis parti pour Chicago. Je suis resté chez un mec qui m'avait donné son adresse après m'avoir entendu jouer.
" Je suis resté six mois à Chicago, apprenant les chansons que je connaissais à quelques-uns tandis qu'eux m'apprenaient à leur tour celles qu'ils connaissaient. Je suis resté à Chicago plus longtemps qu'ailleurs car il y avait là plus de musique. "
En 1975, Bob anticipe le bicentenaire en prenant la route avec la Rolling Thunder Revue (revue du Tonnerre qui roule) qui comptait dans ses rangs une bande de troubadours dont Joan Baez, Roger Mc Guinn, Allen Ginsberg et Ronee Blakley, ainsi qu'une équipe de tournage.
Le fruit de ces six semaines de tournage, Renaldo and Clara, ce long film de quatre heures, est aussi inattendu que l'étaient ses chansons il y a 15 ans. Il s'agit d'un récit étonnant de la vie d'un musicien Renaldo (Bob Dylan) et de son épouse, Clara (Sara Dylan).
Regarder Bob visionner Renaldo and Clara est peut-être ce qu'il y a de plus intéressant. Quatre heures durant, il est resté le regard profondément rivé à l'écran, confortablement installé dans son fauteuil, la tête reposant sur le dossier, fumant Camel sur Camel. Il parlait peu, posant à l'occasion quelques questions à une personne installée tout près ou échangeant quelques réflexions avec Howard Alk, son aide monteur.
Le narrateur du film est un guitariste, auteur compositeur de chansons : David Blue, un collègue et ami de Dylan de longue date. Blue livre un récit éclairant de ce qu'était la vie aux côtés de Dylan dans le Greenwich Village des années 1960.
" Je me souviens du jour où Dylan a écrit "Blowin' in the Wind". Il est arrivé au Gerde's Folk City et l'a jouée pour Gil Turner, un chanteur folk inscrit au programme ce soir là. Turner n'en croyait pas ses oreilles. Bob écrivit les paroles et la musique sur un morceau de papier. Turner scotcha le papier au micro en gagnant la scène et interpréta la chanson. Tout le monde était ébahi. Pour autant que je le sache, c'était la première fois que cette chanson était jouée en public. "
Pendant la seconde moitié du film, Blue reprend le récit de Dylan : son arrivée à New York en janvier 1961 et les mois suivants passés à trouver sa place sur la scène folk du Village. C'est aussi à cette époque là qu'il rendait quatre à cinq fois par semaine visite à Guthrie moribond.
S'en remettant à Grossman et John Court, (Grossman qui deviendra bientôt son partenaire),
Bob Dylan signe avec la compagnie de disques Columbia .
" Bob Dylan " son premier album paraît en mars 1962 et dès 1963 il est proclamé " porte-parole de sa génération ".
En 1964, Dylan confiait à un ami :
" Je suis en colère, je suis épuisé et finalement malheureux. Je me croyais malin mais je n'y crois plus. Je ne sais même plus si je suis normal. "
A ce stade du film, le moment paraît alors venu de demander à Dylan si les sujets abordés dans les scènes du film reflètent avec précision les sentiments qu'il a éprouvés pendant ses premières années de starisation.
" Non, pas vraiment ", répond-il. " En réalité, ces années étaient plutôt agréables. Il m'arrivait parfois d'écrire jour et nuit et les chansons composées étaient bonnes. Les gens autour étaient positifs. La musique était alors en pleine évolution et j'aimais ça. "
En 1965, Dylan s'engage dans une tournée en Angleterre. Il est accompagné de Joan Baez , qui avait été sa compagne l'année précédente, et qui interprète le rôle de la "femme en blanc" (entre autres personnages) dans Renaldo and Clara.
La crise ultime entre la " Reine de la paix " et " Le Roi du rock'n'roll " éclata plus tard, durant cette même année 65, lors d'un concert en Californie.
Un an auparavant, Dylan avait rencontré Sara Lowndes, une étudiante en religions orientales, belle et intelligente, qui habitait alors au bohème Chelsea Hotel de New York. On ne sait pas précisément si la rencontre avec Sara a précipité la rupture avec Joan ou si Dylan s'est rapproché de Sara durant les mois qui ont suivi sa rupture d'avec Joan.
Quoi qu'il en soit, Sara et lui se marièrent le 22 novembre 1965, une union qui a duré jusqu'à l'an dernier. Dylan et Baez n'ont pas donné de concert ensemble jusqu'à la Rolling Thunder Revue, une réconciliation apparemment si complète que Joan fut appelée à figurer dans Renaldo and Clara aux côtés de Sara.
De tout ça, Dylan dira que l'histoire avec Joan Baez date d'il y a quelques années maintenant et de son divorce d'avec Sara qu'il s'agit " de ces choses qui arrivent dans une vie. Et que tout ça n'a rien à voir avec le film. "
Mais reprenons : En juillet 1966, Dylan a un accident au volant de sa moto à Woodstock, un accident qui aurait pu lui coûter la vie.
Une vertèbre touchée, une commotion cérébrale et de sérieuses lésions internes lui valurent une semaine d'hospitalisation et une année de convalescence, chez lui, le cou dans une minerve. Rares sont ceux qui le rencontrèrent cette année-là. Son retrait alimenta les rumeurs de paralysie, de visage défiguré, de folie voire d'addiction à la drogue. Lui profita du temps qui lui était donné pour jouer de la musique et travailler sur le film qui s'appellerait " Eat The Document ".
Cette année de réclusion lui permit d'enregistrer l'album épique des Basement Tapes aux côtés du Band, un album qui ne serait pas lancé avant 1975. Entre-temps, John Wesley Harding serait, en 1968, l'album à l'air facile "folk" qui symboliserait le retour de Dylan.
A la suite de son mariage avec Sara en 1965, Dylan adopta Marie, la fille de Sara. Ils déménagèrent sans
tarder pour Woodstock, New York, en
1966 où leurs quatre enfants vinrent au monde : Jesse Byron en 1966, Anna en 1967, Seth Abraham Isaac en 1968 et Samuel en 1969
.
A la lumière de ce que le divorce et la bataille pour la garde des enfants ont étalés au grand jour, je demande à Dylan s'il a su assumer son rôle d'époux et s'il avait du mariage une conception traditionnelle ?
" Oui, Personne dans ma famille n'a jamais divorcé. C'était inenvisageable, Personne ne faisait ça. Aussi je ne pensais pas au divorce lorsque je me suis marié. J'imaginais que ça n'aurait pas de fin. Ca n'a pas été le cas.
" Je crois au mariage. Je ne crois pas aux mariages libres. La liberté sexuelle ne fait que conduire à d'autres formes de liberté.
" Les femmes sont sentimentales ", ajoute-t-il. " Elles s'adonnent au romantisme avec plus de facilité. Mais j'y vois un prélude. Les femmes usent de la romance et de la passion pour vous adoucir. L'homme n'est rien de plus qu'une victime de la passion.
" Parlez-moi d'une femme qui sait coudre et cuisiner ", continue-t-il, " je préférerai toujours ça à la passion. "
" J'aimerais retrouver une épouse mais je ne peux passer du temps avec une femme sans devenir son ami. Je ne peux aller plus loin si nous ne sommes pas d'abord amis. "
Plus tard, ce soir-là, Bob prit place à la table de la cuisine dans sa maison de Malibu, en Californie. Dans quelques semaines, lui et tout un groupe réuni autour de Rob Stoner, le guitariste de la RTR, s'envoleraient pour une tournée d'un mois, en février, au Japon et en Australie.
Dirigé désormais par le très puissant Jerry Weintraub, (qui fut aussi le manager de John Denver et Frank Sinatra), il envisage de réaliser un album de nouvelles chansons pour le printemps et de partir en tournée à travers les Etats-Unis un peu plus tard cette même année.
Pendant une bonne partie de la nuit, Dylan évoqua la difficulté d'être célèbre.
En 1964, Dylan avait déjà déclaré à Nat Hentoff, le chroniqueur du Village Voice, qu'il ne voulait plus écrire pour le public :
" Je ne veux pas être un porte-parole, disait-il. Je veux désormais écrire sur ce que je ressens. "
L'attention suscitée par Renaldo and Clara relancera-t-elle cette demande de tout un public qui veut lui voir endosser ce rôle de porte-parole ?
" J'en doute beaucoup, répond Dylan. Je ne suis le porte-parole d'aucune génération. Je suis loin de ça. Et, pour tout dire, je rejette fermement ce statut de porte-parole d'une génération. La célébrité ne permet rien d'autre que de voir son nom connu par le plus grand nombre. Ce sont les bons et les gentils qui devraient être célèbres. "
En dépit de ce qu'a pu laisser penser sa réclusion à la fin des années 60 et au début des années 70, Dylan a été très productif.
Entre autres choses, il a réalisé New Morning, Nashville Skyline et Self Portrait. En 1969, il a fait une apparition au festival de l'île de Wight en Angleterre. En 1971, il a rejoint George Harrison au Madison Square Garden pour apporter son soutien à un concert organisé au profit du Bangladesh.
En 1974, au côté du Band, il partit en tournée à travers tout le pays pour promouvoir son album Planet Waves et rassembler de la matière pour Before The Flood, l'album joué avec le Band.
La véhémence avec laquelle il répond à la question posée sur l'accueil du public lors de cette tournée nous surprend :
" J'ai détesté chacun des instants de cette tournée 1974. Ca n'a rien à voir avec le Band. Ils étaient excellents. Nous ne sommes pas séparés vous savez. Ils avaient des obligations de leur côté. Je n'avais aucun contrôle sur tout ce qui se passait. Je n'aime pas avoir le sentiment d'être dirigé par les autres. Je choisis les gens. Ce n'est pas eux qui me choisissent. Mes amitiés les plus vraies sont toutes liées à ce métier. Mon métier c'est ma vie. Et je choisis des gens qui peuvent m'aider dans ce métier. Mais c'est donnant-donnant.
" C'est en partie pourquoi j'ai cessé de jouer en 1967. Le public ne venait plus me voir. Il ne me voyait même plus alors que j'étais là devant lui.
" Ils venaient pour voir le mythe Dylan, c'est tout ce qu'ils voyaient. Peu importait alors que ce mythe leur plaise ou non. Ce qui arrivait alors n'avait plus rien à voir avec moi, juste avec le mythe.
" Vous voyez ", continue t-il, " chacun a un travail à faire. Vous savez ça. Je sais ce que j'ai à faire. Et ce que j'aime faire aussi. Je le sais depuis toujours. "
On sent cette discipline dans sa musique.
" J'ai pour habitude de jouer plusieurs heures. Je joue seul une heure durant puis je joue ensuite avec les musiciens. Mais je joue plutôt seul lorsque je suis en train d'écrire.
" Je vais généralement au lit à une heure raisonnable et me réveille ainsi en forme. Je sors peu. Sortir m'ennuie. J'ai mes amis. Mais les habitudes à Los Angeles ne sont pas les mêmes qu'à New York ou Chicago. Les gens sont moins accessibles ici. "
Durant l'année 1967, pendant que le monde frappé de mélancolie, s'interrogeait sur l'ermitage de Dylan à Woodstock (dans l'état de New York), Dylan vivait lui un moment de productivité intéressante. Il écrivait des chansons pendant des journées entières, travaillait à Tarantula, son autobiographie et composait des morceaux avec Robbie Robertson et les autres membres du Band. La nuit, il se terrait dans la chambre de montage qu'il avait installé dans le sous-sol de sa maison. Howard Alk l'accompagnait et ensemble ils travaillaient sur le projet de film pour lequel la chaîne de télévision ABC avait versé un acompte de 100 000 dollars.
Ce film, un documentaire d'une heure regroupant des extraits de la tournée, choqua tellement les dirigeants d'ABC qu'ils crurent sans peine que le titre " Eat The Document " leur était adressé (manger le contrat). Après avoir accordé à Dylan un contrôle artistique total, la compagnie ABC frustrée annonça qu'elle avait fait une croix sur son investissement et décidé de mettre le film au placard.
Dylan se sortit de l'impasse en rachetant les droits de son film sur son compte personnel, une expérience qui explique la distance qu'il a prise pendant longtemps avec la réalisation de films et le peu de confiance qu'il a par la suite accordé à ce milieu. A ce moment-là, au début de l'année 1968, tandis qu'il congédiait l'équipe de tournage et les techniciens, il avait peu à dire sur un quelconque projet de film pour le futur et s'en tenait à ces quelques mots échangés avec Alk : " Il serait à nouveau prêt le moment venu ".
Finalement, vers la fin de l'année 1975, Alk fut réveillé en pleine nuit par un appel téléphonique dans sa maison de Montréal au Canada. Sans aucune formule de politesse pour ouvrir la conversation, il entendit une voix qui lui dit : " Bob veut savoir si tu es prêt ? "
Alk était prêt et partit sur le champ rejoindre Dylan dans sa tanière de reclus près de New York ou il redevint le cameraman, le confident et mystérieux acteur, assistant Dylan qui lui-même dirigeait les répétitions de la Rolling Thunder Revue à venir. Il s'occupa également des écrivains et techniciens qui travaillent sur Renaldo and Clara, en même temps qu'il travaillait avec l'équipe de tournage.
" Je suis simplement heureux que ce soit fait, heureux que nous l'ayons fait ", dit Dylan. " On ne l'a pas fait pour impressionner les gens. Nous voulions finalement donner du sens au passé, au présent et au futur, donner un sens à la réalité, en faire usage et essayer de travailler à une réalité meilleure pour chacun de nous.
" J'espère qu'il sera vu par un nombre suffisant de spectateurs pour qu'on rentre dans nos frais. Mais si cela n'est pas le cas, c'est que ça ne doit pas être. Car de toute évidence, nous n'avons pas fait un film commercial. Un film commercial dure 90 minutes, ce qui vous permet de le voir plusieurs fois. Ce film-là dure quatre heures. Les Américains sont gâtés, ils attendent de l'art qu'il soit comme un papier peint, sans effort, qu'il n'ait qu'à être là.
" Ce n'est pas le genre de film sur lequel il y a un chef. Je dirigeais les acteurs mais ils me dirigeaient aussi.
" Nous pourrions en parler pendant des jours comme tant d'autres le font et manquer le véritable sujet ", dit Dylan de ce film. " Et le sujet est tout simplement : Peu importe d'où viennent les catastrophes, peu importe le tumulte, peu importe les horreurs qui submergent le monde, quelqu'un continuera se de lever pour chanter face à la lune et danser autour d'un feu de camp ".
Traduction d'Agnès Chaput et François Guillez
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